Les Belges veulent du vert
Les belges veulent du vert
Acheter “éco-responsable” pourrait bientôt devenir la normalité.
Un article de Grégoire Comhaire
(La libre Belgique 18/03/2010)
Acheter vert. Penser à la dimension environnementale avant de sortir la carte de crédit. C’est désormais un réflexe pour 1,8 millions de ménages dans notre pays.
Selon une étude réalisée en décembre dernier par le bureau de marketing C-Change et l’université de Gand, l’éco-marché serait aujourd’hui à un tournant dans notre pays. Un tournant, qui devrait dans les prochaines années, voir les comportement "éco-responsable" gagner la majorité de la population et devenir la normalité, au bénéfice des entreprises qui auront su s’adapter à cette demande et le faire savoir efficacement.
"On remarque une très claire prise de conscience de la population quant aux enjeux liés à la protection de l’environnement et aux changements climatiques" explique Katrien Barrat, fondatrice du bureau C-Change et auteur de l’étude. "Une très grande majorité des citoyens sont aujourd’hui conscients que les gestes qu’ils posent comme consommateurs peuvent avoir un impact très important sur l’environnement." Beaucoup sont pourtant toujours freinés dans leur élan, soit pour des motifs financiers, soit par manque d’information sur le sujet.
Si 25 % des personnes interrogées déclarent, pour des raisons idéologiques, adopter systématiquement un comportement éco-responsable dans leurs achats, 32 % préfèrent souvent ne pas bouleverser leurs habitudes si le prix du "vert" est trop élevé, ou si l’information disponible n’est pas suffisamment claire. "Pour capter ces 32 % de clients potentiels, il faudra donc qu’ils en retirent un bénéfice direct et que le produit affiche un label garantissant clairement qu’il respecte les principes du développement durable."
Pour s’en convaincre, les auteurs de l’étude renvoient aux différentes catégories d’achat pour lesquels les personnes interrogées ont déclaré prendre en compte le critère environnemental. On remarque ainsi que c’est l’électroménager qui fait le meilleur score (82% ). Les appareils à faible consommation font en effet réaliser d’importantes économies sur la facture énergétique et le label environnemental y est clairement lisible au moment de l’achat. "C’est ce modèle que les entreprises doivent s’efforcer de copier" estime Katrien Barrat.
Si plus de 90 % des Belges peuvent potentiellement devenir un jour de parfaits "éco-citoyens", la propension à en adopter les comportements est parfois très différente selon l’âge, ou la catégorie sociale à laquelle on appartient.
De manière un peu surprenante, l’étude montre ainsi que ce sont les plus jeunes (- de 29 ans) qui ont le plus de réticences à acheter "eco-responsable". "L’une des raisons pourrait être que ce type de comportement est lié à un certain degré de responsabilisation individuelle" poursuit Katrien Barrat. "C’est une tranche d’âge qu’il faudra surveiller de près quand nous referons l’étude dans les prochaines années."
Ce sont, de plus, les personnes appartenant aux tranches de revenus les plus élevées qui déclarent avoir le plus de réticence à adopter de tels comportements. "Encore une fois, le facteur financier joue un rôle important. On a moins de scrupules à dépenser de l’essence quand on a beaucoup d’argent que quand on en a peu."
Les entreprises éco-responsables ont donc un boulevard devant elles. A condition de bien communiquer, et d’éviter de faire du "greenwashing" en masquant quantité de mauvaises pratiques derrière une fausse image de verdure.
Parmi les personnes interrogées, 63% se déclarent, à l’heure actuelle, incapables de nommer la moindre entreprise pouvant se qualifier d’éco-responsable. A voir ce que donnera ce chiffre dans les prochaines années.
Les initiateurs de ce premier éco-baromètre belge comptent en effet désormais effectuer ce sondage sur base annuelle.




